Monsieur le Curé,
En répondant à votre 1ère lettre par lenvoi de notre prospectus, nous avons cru satisfaire à toutes vos demandes. Vous voyez quil nest pas question de diocèses ni de distances. Quel est le trai- tement des frères, et par qui les frais de voyages doivent être supportés, voilà tout ce que vous sembliez vouloir apprendre puisquen finissant vous nous priez de remarquer que ce nest pas une demande de deux frères que vous nous faites, mais que (vous) aviez besoin de quelques renseignements préalables pour mettre les autorités à même de juger et porter le conseil à en faire la demande lui-même.
Dans votre 2ème lettre, vous nous dites de vous faire savoir à quelle époque vous pourrez avoir nos frères; vous ne les aviez pas encore demandés. Nous vous prions de ne pas nous accuser dinconséquence dans nos procédés. Nous avons envoyé plusieurs prospectus, on ne les a jamais pris pour une promesse. Et pour- quoi une promesse, lorsquil ny a point de demande? Lorsque vous avez manifesté votre résolution davoir de nos frères et de nen avoir que deux, nous vous avons répondu que nous ne croyons pas pouvoir vous en donner sitôt et que dailleurs il ne seroit pas prudent den envoyer seulement deux dans un établissement si éloigné. Nous nétions pas dans le cas de vous faire cette ré flexion plus tôt. Un bon nombre de demandes antérieures à la vô- tre nous restent à remplir; si vous le désirez, nous vous inscri- rons sur le régistre. Nous ne désespérons pas que dans quelques années nos frères narrivent jusquà vous. Les personnes distin- guées que vous avez su mettre dans vos intérêts sont trop puis- santes pour vous laisser manquer de fonds pour un troisième frère et même pour faire une école entièrement gratuite.
Agréez lassurance du respectueux dévouement avec lequel etc…
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Notes
Nous navons malheureusement pas les lettres de M. Vincheneux, mais ce texte donne un reflet suffisamment clair pour savoir ce dont il sagit. On voit encore une fois (cf. Lettre 91) la difficulté pratique des régions éloignées du centre où le Père Champagnat ne croit pas prudent denvoyer seulement deux Frères, ce qui restreint Iavantage quil veut donner à sa congrégation par rapport à celle des Frères des Ecoles chrétiennes en nenvoyant que deux Frères dans les localités trop petites et trop pauvres pour en entretenir trois.
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Daprès la minute, AFM, RCLA 1, p. 33, nº 22